GABON – Les sages-femmes et les soins après avortement au Gabon: «Les choses ont vraiment changé»

by Aimée Patricia Ndembi Ndembi, Justine Mekuí, Gail Pheterson, Marijke Alblas, Iris Ursula Moundaka, Marie-Chantale Ntjam

Profession Sage-Femme, 9 June 2021

This is the translation into French of an article published in the Health and Human Rights Journal Special Section on Abortion Law Reform, Volume 21, December 2019.

The English version is entitled: Midwives and post-abortion care in Gabon: “Things have really changed” by Aimée Patricia Ndembi Ndembi, Justine Mekuí, Gail Pheterson, Marijke Alblas.

Résumé en français 

Les complications résultant d’avortements spontanés ou provoqués constituent une des premières causes de mortalité des femmes en Afrique sub-saharienne. Le Réseau d’Afrique centrale pour la santé reproductive des femmes : Gabon, Cameroun, Guinée-équatoriale (Réseau GCG) a été fondé en 2009 pour identifier et surmonter les obstacles aux soins après avortement. La recherche a permis d’identifier le manque de formations et d’équipements en soins d’urgence parmi les praticiens en soins de santé de première ligne. Pour combler cette lacune, le Réseau GCG a mis en place un programme pour former des sages-femmes à la pratique des aspirations manuelles intra-utérines (AMIU), aux protocoles d’administration du misoprostol et à l’insertion du DIU-T en cuivre. Cet article en trace un bilan rétrospectif après neuf ans (2009-2018) d’activités. Les résultats quantitatifs et qualitatifs montrent une corrélation entre la pratique de l’AMIU par les sages-femmes dans les centres de santé et la baisse spectaculaire des délais de traitement, ce qui coïncide avec un déclin de la mortalité liée à des complications après avortement. Nos résultats montrent également comment ces avancées ont été menacées par l’opposition liée au fait que ce sont des sages-femmes qui dispensent ces traitements dans certains centres médicaux en milieu urbain, malgré l’appui du ministère de la Santé du Gabon à l’utilisation par les sages-femmes de ces nouveaux protocoles. Le droit des femmes à la santé, incluant l’accès à un avortement sécurisé, est une position que le Réseau GCG partage avec les quarante pays africains qui ont ratifié le Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique. Le programme de formation montre comment une stratégie d’action directe peut doter le personnel médical, principalement celui des sites périphériques disposant de peu de ressources, des compétences pour prodiguer des soins d’urgence d’avortement et d’après avortement, alors même que les gouvernements n’ont pas transposé leurs engagements en matière de droits humains en textes de loi.

Abstract in English

Complications from spontaneous and induced abortion are a primary cause of death of women in sub-Saharan Africa. Le Réseau d’Afrique Centrale pour la Santé Reproductive des Femmes: Gabon, Cameroun, Guinée Équatoriale (the Middle African Network for Women’s Reproductive Health, or GCG as it is commonly known) was founded in 2009 to identify and overcome obstacles to post-abortion care in Gabon. Research identified the main obstacle as lack of emergency skills and provisions among first-line health care providers. To fill the lacuna, GCG designed a program to train midwives in manual vacuum aspiration (MVA), misoprostol protocols, and the insertion of T-shaped copper IUDs. This article presents a nine-year retrospective (2009–2018) of the program. Qualitative and quantitative results confirm correlations between midwives’ practice of MVA in health centers and spectacular decreases in treatment delays, with corresponding decreases in mortality from abortion complications. Our findings also demonstrate how these advances have been threatened by opposition to midwife practice in certain urban medical centers despite encouragement by the Gabon Ministry of Health to use the new protocols. Women’s human right to the highest attainable standard of health, including access to safe abortion, is an assumption that GCG shares with the 40 African countries that have ratified the Protocol to the African Charter on Human and Peoples’ Rights on the Rights of Women in Africa. The training program illustrates how a direct-action strategy can fully equip medical practitioners, especially those in peripheral sites with meagre resources, to provide emergency post-abortion and abortion care even before governments legislate their human rights commitment.

VISUAL: Global Midwives Hub Africa Region